Mémoires d’une Geisha (Memoirs of a Geisha)

 

Un film de Rob Marshall

 

D’après l’œuvre d’Arthur Golden

 

Avec Zhang Ziyi, Gong Li, Michelle Yeoh, Ken Watanabe, Suzuka Ohgo

 

 

Rob Marshall, réalisateur de la superbe comédie musicale Chicago, s’est intéressé à l’œuvre de Golden, best-seller, qui un temps dut être réalisé par Steven Spielberg, qui se contente de produire le film cette fois.

 

Il raconte le destin d’une jeune enfant vendue par sa famille à une maison de geisha, qui va connaître une ascension fulgurante au sein d’une société japonaise en plein essor avant la seconde guerre mondiale.

 

Mais le destin est parsemé d’embûches et de rivalités avec les autres jeunes femmes, et les geishas, dont Hatsumomo, la reine d’entre toutes.

 

Chiyo rayonne et dans ses yeux de la couleur de l’eau, elle se fait remarquer. Prise en charge par Mameha, une geisha rivale de Hatsumomo, elle va s’épanouir et devenir celle à qui à tous prédestinent un destin radieux : Nitta Sayuri, la plus convoitée et célèbre des geishas de l’empire du soleil levant.

 

Rob Marshall a une fois de plus porté une attention aux détails, et ce avec talent. Les décors sont fastueux et somptueux, les costumes tout simplement remarquables et magnifiques.

 

Pour une production américaine, la reconstitution est soignée et n’oublie pas l’art geisha : la danse et la musique, la compagnie, l’art de la conversation. Un seul bémol dans cette reconstitution est l’utilisation de l’anglais qui dénature profondément le propos du film et nous renvoie à la réalité cinématographique en s’éloignant de la réalité historique.

 

Outre ce point regrettable, il faut reconnaître à Marshall un sens de la mise en scène dynamique, qui sait magnifier les scènes de danse. Les chorégraphies sont soignées et éblouissantes, la photographie de Dion Beebe (déjà directeur photo sur Chicago et Collateral) embellit avec chaleur des images ciselées et extrêmement soignées.

 

Pour incarner ce geishas, Rob Marshall a casté des actrices chinoises :  Zhang Ziyi, l’étoile Sayuri, dont la beauté et la fraîcheur rayonnent à chaque plan ; Gong Li, qui incarne Hatsumomo est une nouvelle fois impeccable, dans un registre sombre ; Michelle Yeoh, discrète mais égale à elle-même, joue le rôle du mentor de Sayuri, Mameha, qui l’emmènera au sommet de son art. On a plaisir à revoir Ken Watanabe (Le Dernier Samuraï), dont chaque prestation est un plaisir, même si l’anglais fait perdre de la saveur à son verbe. Enfin, l’on découvre une toute jeune comédienne, Suzuka Ohgo, qui incarne avec ses jolis yeux bleus Sayuri jeune. Une ressemblance frappante et un beau talent que l’on espère revoir sur nos écrans.

 

Memoirs of a Geisha est une réussite, cinématographique tout d’abord, avec un souci du détail et de l’image que l’on retrouvait déjà dans Chicago. Mais c’est aussi, d’où le succès de l’œuvre de Golden une magnifique histoire, de traditions, d’amour, de sacrifice. Car comme il est dit dans le film, « une geisha est un art en mouvance perpétuelle », une incarnation de la beauté, de l’art, pour des plaisirs visuels et artistiques qui se sont un peu perdus dans le Japon d’aujourd’hui, sans pour autant complètement disparaître.

 

Pour s’éblouir les yeux, découvrez Memoirs of a Geisha.

 

Arnaud Meunier

05/03/2006